D'Olivier Pilarczyk, Roman de 70 pages (Edition Le Mot Et Le Reste)Drain you ' est issu de l'album Nevermind de Nirvana. Véritable phénomène des années quatre-vingt-dix, vendu à dix millions d'exemplaires, ce deuxième album met en avant et de manière inattendue la scène grunge de Seattle.Plus qu’une simple apologie de Nirvana, comme le suggère le titre de l’ouvrage, Drain You est une tranche de vie. Celle d’un adolescent, comme les autres, qui se cherche, qui doute, et qui a des potes et des petites nanas si impressionnantes autour de lui. Il y a aussi les cours à la fac, l’importance du look : « Ma tronche fait une tache sur le miroir. Je passe un peu d’eau sur mon visage. Je colle du gel dans mes cheveux, pour faire tenir ma brosse américaine. Personne n’est coiffé comme ça, autour de moi. Ca me plaît. J’enfile mon jean, un tee-shirt noir, et mes rangers. Les rangers, ça fait loucher les mecs. J’ai l’air d’un facho. Les filles ont peur de moi. Ca tombe bien, j’ai peur d’elles. Je les regarde de loin. L’amour c’est pas pour moi. Je suis une sorte de poète maudit. Comme Maldoror. Ne m’approchez pas. Restez à distance. » Notre jeune narrateur ne cesse de se trouver ridicule et fragile, mais pourtant il est impossible pour le lecteur de se moquer de lui à un seul instant. La sincérité dans la retranscription de cette période que tout le monde a connue apporte une fraîcheur au récit.Le regard de ce jeune sur la société des années 90 fait sourire et nous ramène nous aussi à nos souvenirs… Mais il y autre chose. Notre adolescent rebelle reste juste dans ses propos, il ne verse pas dans le cliché et laisse juste parler sa jeunesse. Les récits de concerts, de rassemblements étudiants sont racontés d’une manière vivante, et nous nous retrouvons propulsé quelques années en arrière : « Jospin t’es foutu, la jeunesse est dans la rue ! On voit bien qu’on est en France. Même la rage se dit en alexandrins. Jospin c’est ce type coiffé comme Pierre Richard, mais nettement moins drôle. Il paraît qu’il est ministre et qu’il veut foutre le feu à la fac. Ca mérite une bonne manif. Et puis c’est l’occasion de sécher les cours. » Ce court roman respire la fougue de la jeunesse, mais une autre passion l’anime : la musique…